A l’approche du week-end de la Toussaint, l’UFC–Que Choisir du Val de Marne rend publics les résultats d’une enquête de terrain menée par ses bénévoles[1] mettant en évidence les déplorables pratiques commerciales des professionnels des pompes funèbres nuisant à la comparabilité des offres, ainsi que la cherté des prestations. En conséquence, l’association met en demeure 3 sociétés de pompes funèbres de se conformer à la réglementation, et enjoint les pouvoirs publics à améliorer le devis-type permettant une véritable comparaison des offres, ainsi que la mise en place de sanctions dissuasives pour les professionnels ne jouant pas le jeu de la transparence.
Inhumation et crémation : les grands écarts tarifaires
Les données tarifaires recueillies montrent qu’au niveau du département le prix total des obsèques pour une inhumation – hors caveau et concession – s’établit en moyenne à 5375 €. Mais d’un établissement à un autre, pour une même demande exprimée, c’est le grand écart qui est constaté : la proposition la plus économe se monte à 4832 €, quand la plus élevée atteint 5919 €. Quant à la crémation, notre enquête met en évidence un tarif moyen de 5168 €, avec un éventail allant de 4373 € à 5988 €.
Ces yoyos tarifaires sont d’autant moins admissibles que le prix de certaines prestations standardisées varie énormément d’une structure à l’autre. C’est ainsi que les démarches et formalités purement administratives s’échelonnent de 295 € à 449 €, quand l’ouverture et la fermeture du caveau peut être facturée de 630 € à 239 €.
Comparabilité des offres : les obstacles dressés par les professionnels
Alors qu’il s’agit d’un secteur où les consommateurs ne sont pas toujours dans des dispositions psychologiques propres à comparer les prix, il est particulièrement regrettable que le comportement des professionnels ne favorise en rien les comparaisons. En effet, alors que ces derniers ont l’obligation[2] de remettre gratuitement un devis écrit, détaillé et chiffré, dans 14 % des cas cette demande exprimée par nos enquêteurs est restée lettre morte. Et quand un devis est remis, il n’est pas conforme au devis-type obligatoire, instauré il y a près de 10[3], dans 20 % des cas !
Il serait cependant illusoire d’imaginer qu’un respect intégral de la réglementation actuelle offrirait la capacité pleine et entière aux consommateurs de mettre en concurrence les pompes funèbres. En effet, le devis-type, en mettant l’accent sur la distinction entre les prestations courantes et les prestations optionnelles, entretient une fumeuse confusion – dont peuvent jouer les pompes funèbres – sur les prestations qui doivent être ou non obligatoires. Qui plus est, la diversité des gammes que peuvent mobiliser les professionnels pour répondre à une simple demande générique des consommateurs limite la possibilité de comparer pour les consommateurs.
Soucieuse de garantir aux consommateurs un fonctionnement transparent et concurrentiel du marché du funéraire, l’UFC-Que Choisir du Val-de-Marne met en demeure 3 sociétés de pompes funèbres enquêtées de se mettre en conformité avec la réglementation actuelle, et demande :
- Une refonte du modèle de devis-type afin de le simplifier, et de rendre les devis aisément comparables en harmonisant les prestations et les gammes ;
- Que le non-respect de la réglementation par les pompes funèbres entraîne des sanctions pécuniaires réellement dissuasives, et constitue un critère central lorsqu’il s’agit, pour les préfectures, d’examiner le renouvellement de leur habilitation.
[1] Enquête réalisée du 23 mars au 06 avril 2019 auprès de 7 magasins de pompes funèbres.
[2] Arrêté du 11 janvier 1999 relatif à l’information sur les prix des prestations funéraires.
[3] Arrêté du 23 août 2010 portant définition du modèle de devis applicable aux prestations fournies par les opérateurs funéraires