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ISO 16128 : une norme cosmétique qui fait débat !

D’ici la fin d’année, une nouvelle norme d’envergure internationale devrait voir le jour dans le monde des cosmétiques. Celle-ci concerne exclusivement les produits cosmétiques Biologiques.

Le but premier de cette réforme est de réglementer et d’harmoniser la filière Bio en proposant une définition concrète de la cosmétique Biologique. Cette norme appelée ISO 16128 devrait donc servir à calculer dans un produit fini, la part biologique ou naturelle des ingrédients.

Elle a été établie en deux volets, le premier a été publié en 2016 et est consacré aux ingrédients, le second publié en septembre dernier indique le mode de calcul choisi pour établir les indices du Biologique et du Naturel dans les ingrédients et donc le taux en % dans un produit fini.

S’il est vrai que la filière avait vraiment besoin d’être harmonisée puisque les termes « bio » et « naturel » n’étaient pas encadrés, des labels et des certifications existaient déjà mais cela n’était semble t-il pas suffisant pour les professionnels comme pour les consommateurs. L’enjeu était donc réel sur le papier…mais les négociations sont loin d’être convaincantes…Pire ! Puisque la plupart des interlocuteurs du secteur Bio se sont retirés de la table des négociations qui serait selon eux gangrenée par les lobbyings industriels du secteur cosmétique conventionnel.

Par exemple, la norme ISO 16128 ne garantirait plus de taux minimum d’ingrédients Bio ou Naturels dans les produits finis ! Un collectif d’associations et de professionnels du Bio, (dont CosmeBio, Générations Futures ou encore WECF) s’indigne sur cette normalisation qui « tolérerait également la présence de composants controversés dans les formulations comme le phénoxyéthanol, les parabens, les silicones ou les dérivés d’animaux morts ». Une conférence a été organisée par ce même collectif le 29 septembre dernier pour dénoncer cette réalité et alerter les consommateurs sur cette norme jugée comme étant « une boîte de Pandore » dans la mesure où les produits ne seraient plus soumis à des contrôles organisés par des organismes indépendants mais aussi du fait de l’absence d’ingrédients interdits.

Romain Ruth (CosmeBio) explique que lors de la consultation, il y avait une « surreprésentation de la cosmétique conventionnelle » ; il précise par ailleurs que : « l’accès même aux discussions est payant, ce qui limite la représentation des petits acteurs. On a dû claquer la porte parce qu’on a considéré qu’il n’y avait pas d’écoute des acteurs historiques du Bio par les représentants du conventionnel » !  Pour Pierre Charlier de Chily (Aldivia) : «  l’idée initiale d’harmoniser était bonne. On aurait dû partir de nous, de ce qui se fait en Europe, mais là, ce n’est pas ce qui a été fait ! ».

Ainsi, pour les partisans du Bio, cette norme ISO profiterait davantage au secteur conventionnel industriel de la beauté qui pourrait à terme proposer des produits « Green Washing » normés Bio à bas prix sans pour autant que l’ensemble des ingrédients soit naturel… sans parler du fait d’un possible ajout de conservateurs controversés, de parfums synthétiques, de solvants pétrochimiques…

On ne peut donc que s’inquiéter des conséquences sur les consommateurs du fait de ambiguïté du processus et de la finalité de cette norme qui devait initialement permettre d’encadrer et définir les produits cosmétiques Biologiques !

Est-ce la fin des produits biologiques (de qualité) répondant à un cahier des charges strict? Les consommateurs seront-ils avertis de la démarche? Ne pourrait-on pas encadrer les produits cosmétiques comme les produits frais avec un label reconnu et reconnaissable pour les consommateurs?

La norme ISO 16128 semble davantage compliquer la donne…

L. Bourgiteau

Pour aller plus loin…

http://www.observatoiredescosmetiques.com/pro/actualite/lactualite-des-cosmetiques/polemique-autour-de-la-norme-sur-les-cosmetiques-naturels-4655

https://www.consoglobe.com/iso-16128-nouvelle-norme-cosmetiques-bio-cg

http://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/cosmetique-des-produits-contenant-des-ingredients-chimiques-et-polluants-pourront-se-revendiquer-bio_2394948.html